La présentation du siège: pourquoi, comment, quand?

Article : La présentation du siège: pourquoi, comment, quand?
Crédit:
21 septembre 2018

La présentation du siège: pourquoi, comment, quand?

Régulièrement, on voit de futures mamans dont les bébés sont en présentation du siège, à qui l’on recommande d’aller chez des tradipraticiennes pour des « massages » destinés à faire tourner le bébé.

Qu’en est-il vraiment ? Est- il possible de faire tourner un siège? Est-il prudent de le faire?

Essayons de comprendre d’abord ce qu’est une présentation du siège.

Habituellement, pour que l’accouchement puisse se faire normalement, le bébé tourne en fin de grossesse pour mettre sa tête en bas: c’est la présentation céphalique (la tête).

La présentation du siège, c’est lorsque, en fin de grossesse, votre bébé a les fesses ou les pieds en bas, dans votre bassin.

Il en existe deux variétés: siège complet avec un fœtus assis en tailleur et le siège décompleté où le fœtus relève les jambes; entre ces deux formes il y’a des variantes.

C’est une présentation « normale », compatible avec un accouchement par voie basse mais, sous certaines conditions et avec un haut risque de complications.

Il faudrait savoir d’abord que jusqu’à 34 semaines d’aménorrhée (SA) la présentation du fœtus peut changer à tout moment. A partir de cette date, en général, sa position ne change plus même si on vu des bébés se retourner finalement vers 38 /39 SA.

La rotation du bébé est un phénomène physiologique qui s’effectue spontanément en fin de grossesse.

Si le bébé ne tourne pas, cela signifie dans la quasi totalité des cas, qu’il y’a une cause à sa non-rotation.

Il est aussi faux de penser que le siège est dû à une certaine position de la mère pendant la grossesse: il est donc inutile de faire culpabiliser la future maman car, se courber ou faire des tâches ménagères (ou ne pas en faire) ne provoque pas de présentation du siège!

Les causes du siège peuvent être retrouvées soit du côté de la mère:

⁃ un bassin rétréci,

⁃ un utérus trop rigide surtout chez les primipares (1ère grossesse),

⁃ un utérus cicatriciel,

⁃ des fibromes

⁃ un gros kyste de l’ovaire

⁃ une malformation utérine

⁃ Etc

Les causes peuvent aussi être cherchées du côté du bébé:

⁃ un gros bébé,

⁃ une grossesse multiple: des jumeaux,

⁃ un accouchement prématuré, le bébé n’ayant eu le temps de se retourner,

⁃ une insuffisance ou un excès de liquide amniotique,

⁃ une malformation du bébé surtout les hydrocéphalie (excès de liquide dans la tête du bébé),

⁃ un circulaire du cordon

⁃ un cordon ombilical trop court,

⁃ un placenta bas inséré,

⁃ Etc

C’est dire qu’en cas de présentation du siège il faut d’abord essayer de savoir pourquoi le bébé n’a pas tourné avant de prendre une décision d’accouchement.

Lors d’un accouchement par voie basse, la difficulté de la mécanique obstétricale (c’est-à-dire les différents passages du fœtus à travers le bassin de la mère) se fait avec des difficultés décroissantes: la tête du bébé étant la plus grosse partie de son corps, si elle passe, le reste du corps (les épaules et les hanches) passe aussi sans problème en général, sauf si le bébé pèse plus de 4 kg.

Par contre, en cas d’accouchement du siège, la tête doit sortir en dernier et donc la difficulté de l’accouchement est croissante: on dit que l’accouchement se fait à rebrousse-poil. Si la tête se coince, alors que le reste est déjà sorti, cela peut être catastrophique si l’obstétricien n’arrive pas à la dégager à temps.

De plus, l’accouchement du siège est plus long, plus douloureux et cause beaucoup plus de déchirures q’un accouchement en position céphalique (si le bébé vient par la tête).

Aller chez une tradipraticienne pour faire tourner le bébé est donc une pratique non seulement inutile mais surtout, potentiellement dangereuse!

Nous autres, obstétricien, savons comment faire pour tourner un bébé en positon du siège grâce à une manœuvre appelée version par manœuvre externe.

Nous évitons cependant de le faire car elle peut être très dangereuse si le siège est dû par exemple à une brièveté du cordon ombilical ou un circulaire du cordon!

Forcer le bébé à tourner alors qu’un obstacle l’en empêche peut entraîner un décollement du placenta ou une déchirure de l’utérus ou un déclenchement prématuré du travail!

Nous évitons et nous recommandons vivement d’éviter ces manœuvres surtout si elle sont faites par des personnes ayant des notions limitées en anatomie et en physiologie obstétricale.

En cas de présentation du siège, un accouchement par voie basse est possible mais, il y’ a des conditions:

⁃ le bassin de la mère doit être assez large, au mieux, il doit avoir déjà fait ses preuves et donc la femme doit avoir accouché antérieurement,

⁃ Le bébé doit avoir des dimensions normales sans excès de poids ni malformations décelées, ni retard de croissance dû à une pathologie connue, le placenta bien placé et le cordon repéré,

⁃ l’utérus doit être de bonne qualité, sans cicatrices de césariennes antérieures ou de myomectomies,

⁃ Le travail doit se déclencher spontanément, il est pas recommandé de déclencher un siège même si certains le font.

⁃ on ne doit pas utiliser de produits pour accélérer le travail comme dès perfusion ou des décoctions,

⁃ l’accoucheur doit être capable de dégager le bébé s’il se coince les bras ou la tête lors de l’accouchement,

⁃ On ne peut pas utiliser l’instrument comme une ventouse ou un forceps pour aider a sortir le siège si la mère est fatiguée de pousser,

⁃ On doit avoir le consentement de la femme qui doit être informé des risques de l’accouchement,

⁃ un bloc opératoire, avec son équipe médicale, doit être disponible au cas où il faudrait opérer en urgence.

⁃ et enfin si on a un doute sur la faisabilité de l’accouchement, autant passer par voie haute.

La présentation du siège est donc une situation stressante pour la future maman!

Discuter avec son gynécologue ou sa sage-femme des modalités d’un accouchement sécurisé est la meilleure des choses à faire.

Les soit-disants massage des « retourneuses » de bébés sont des pratiques inutiles voire dangereuses pour le bébé et/ou la maman.

Une césarienne de prudence vaut parfois mieux qu’un accouchement difficile, aléatoire et dévastateur pour le bébé.

Crédit image: Lansac: pratique de l’accouchement

Dr Abdoulaye Diop

Gynécologue-Obstetricien

Toubibadakar

Étiquettes
Partagez

Commentaires