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Endométriose : le jardin disséminé

L’endométriose est une maladie gynécologique très répandue mais paradoxalement peu connue, sous diagnostiquée et caractérisée par la présence d’une muqueuse utérine disséminée dans et en dehors de l’utérus.

Imaginez-vous, dans votre maison, un beau gazon avec un système élaboré d’arrosage automatique.

Ce gazon sera logiquement dans le jardin et un entretien régulier en garantira la longévité.

Imaginez maintenant que votre jardinier soit dans un élan de zèle et qu’il vous mette du gazon dans le jardin, mais aussi dans la cuisine, dans le salon, dans la chambre à coucher, la salle de bain, le grenier et même dans la cave, toujours avec un système d’arrosage automatique.

Au lieu de se retrouver avec une belle maison bien propre avec un jardin bien entretenu, vous vous retrouverez sûrement avec une maison assez atypique, avec de l’eau et de l’humidité dans toutes les pièces gazonnées.

Et à chaque fois que le système d’arrosage automatique sera activé, bonjour la saleté dans la cuisine, le salon, la chambre à coucher, la salle de bain, le grenier et la cave.

La vie dans cette maison risque d’être assez compliquée voire désagréable au milieu de cette verdure excessive et inappropriée.

Cette allégorie explique aisément ce qui se passe dans le corps en cas d’endométriose : cette muqueuse (gazon), fabriquée dans l’utérus (jardin) dans le but d’accueillir l’œuf après la fécondation va être retrouvée un peu partout dans le petit bassin, l’abdomen et même dans d’autres organes plus éloignés.

Ainsi, on en retrouvera dans la vessie, le rectum, les intestins, le vagin, les ovaires, les ligaments, parfois même dans les poumons ou le foie.

Cette muqueuse-gazon atypique se comportera comme la muqueuse normale et à chaque fois que vous verrez vos règles, vous saignerez dans la vessie, le rectum, les intestins, le vagin, les ovaires, les ligaments, les poumons etc

Il en résultera ces douleurs, vives, intermittentes voire permanentes, invalidantes, déprimantes avec un risque d’infertilité ou d’infécondité.

Pour traiter la dissémination de ce gazon indésirable, il faudra non seulement arrêter le système automatique d’arrosage qui l’entretient mais aussi nettoyer toutes les pièces concernées de la maison, sinon, le gazon repoussera à chaque fois que le robinet sera ouvert.

Voici décrit de manière simple et imagée la physiologie de l’endométriose qui malheureusement pourrit la vie de milliers de femmes à travers le monde.

Dr Abdoulaye Diop

Toubibadakar


Tout savoir sur la PMA

Nous savons tous que l’Afrique est le continent où le taux de fécondité des femmes est le plus élevé au monde ! Ce qui est moins évident est de savoir que malgré cette fertilité africaine élevée, il existe beaucoup de couples qui malheureusement n’ont pas d’enfants.

Nous savons aussi que, culturellement, ne pas pouvoir avoir d’enfant pour un couple en Afrique est souvent très mal vécu, surtout par la femme sur laquelle, souvent et à tort, la responsabilité de l’infertilité est rejetée. Heureusement, les progrès de la médecine ont permit de donner de l’espoir à des milliers de couples qui ont des difficultés à avoir un enfant.

Revenons d’abord sur quelques définitions :

Infertilité : le fait pour un COUPLE, de ne pouvoir avoir d’enfant après six mois à un an de rapports sexuels réguliers sans contraception.

PMA : procréation médicalement assistée, ensemble de techniques médicales modernes permettant d’obtenir une grossesse lorsqu’un couple a des difficultés pour en obtenir de manière naturelle. Trois méthodes s’y retrouvent :

l’insémination intra-utérine : injecter le sperme dans l’utérus après stimulation des ovaires et déclenchement de l’ovulation

FIV : c’est la plus connue, le sperme est recueilli, traité et mis en contact avec un ovule au préalable prélevé après stimulation des ovaires; l’œuf fécondé au bout de quelques jours est ensuite transféré dans l’utérus de la femme pour que la grossesse puisse évoluer normalement.

ICSI : c’est la forme la plus sophistiquée de PMA, un spermatozoïde est introduit par « force » dans un ovule et l’œuf obtenu est aussi transféré dans l’utérus de la femme.

D’autres termes :

RO : réserve ovarienne, quantité partiellement mesurable de follicules (œufs) disponibles dans l’ovaire et constituant un paramètre d’évaluation du taux de succès d’une PMA, plus ce taux est faible plus les chances de réussite sont faibles! Il existe une réserve ovarienne non mesurable et qui explique la survenue spontanée de grossesses chez des femmes chez qui les chances étaient jugées trop faibles.

Don d’ovocytes : le fait d’offrir des follicules à une femme dont la réserve ovarienne a été jugée trop faible pour lui permettre d’avoir des chances de succès lors d’une PMA : le don d’ovocyte n’est pas autorisé dans notre pays,

Don de sperme : le fait d’offrir des spermatozoïdes à utiliser dans le cadre d’une PMA lorsque le conjoint n’a pas de spermatozoïdes ou s’ils sont très altérés; le don de sperme n’est non plus pas autorisé dans notre pays par loi.

GPA : c’est lorsque l’œuf obtenue pas PMA est transférée d’ans l’utérus d’une autre femme (appelée mère porteuse) pour poursuivre la grossesse car l’utérus de la femme ne peut pas le faire. Cette technique est interdite aussi dans notre pays et dans beaucoup d’autres.

Aider les couples infertiles

Dans notre pays, la PMA existe depuis plus de 30 ans ! Elle est réalisée par une poignée de médecins avec des taux de succès variables d’un medecin à l’autre. La chose commune à cette PMA sénégalaise, c’est qu’elle est réalisée quasi exclusivement dans le secteur privé et donc, seuls ceux qui ont les moyens financiers peuvent y accéder.

Il existe depuis plusieurs année un projet de mise en place d’un centre de PMA dans un hôpital public de la capitale pour permettre à certaines populations aux revenus limités d’avoir une chance d’accéder à la PMA dans le respect des garde-fous érigés par la loi de notre pays. Est-il normal que seuls les couples ayant les moyens financiers puissent d’avoir une chance d’avoir des enfants et que les « pauvres » ou ceux aux moyens limités en soient automatiquement écartés ? Cela ne constituerait-il pas une seconde injustice sociale ?

Pas une priorité

Il est certes évident que nous avons d’autres priorités médicales, sanitaires et sociales surtout dans ce contexte de pandémie mondiale et qu’un centre de PMA de plusieurs milliards n’est vraiment pas la priorité absolue. De la même manière, beaucoup de projets gouvernementaux ont été, à mon humble avis, des erreurs stratégiques depuis des décennies : monument culturels pharaoniques, Moyens de transports energivores futuristes et biens d’autres projets faramineux, coûteux et surtout qui ne sont vraiment pas prioritaires pour le pays sous-développé que nous sommes!

Médecine pour toutes

Il faudrait cependant éviter de faire de l’amalgame en rejetant l’idée d’un centre de PMA public sous les faux arguments de soit-disants complots ourdis par des groupes ou corporations prônant l’homosexualité ou le saphisme ! Il n’en est absolument rien, et cette théorie du complot n’existe que dans la tête et l’esprit limité de ceux qui la dénoncent !

Toutes les patientes, quelque soit leur situation sociale ou économique doivent pouvoir avoir accès à une médecine de qualité leur permettant de prendre en charge leurs préoccupations des plus grégaires aux plus vitales! Revoyons donc tous ensemble nos priorités et laissons ces discussions stériles de cour de recréation pour se consacrer à l’essentiel. A bon entendeur ….

Dr Abdoulaye Diop

Gynécologue-obstétricien

Spécialité en Échographie, Infertilité et PMA (Procréation Médicalement Assistée)

Diplômé de UCAD et Paris V- Descartes


Une semaine à Wassadou : dimanche

Une semaine à Wassadou: dimanche

Durant mes dernières années d’études de médecine, j’ai eu la chance de passer 8 mois à la Maison médicale Pierre Favre à Wassadou, un village situé à environ 65 km après Tambacounda, sur la route nationale 7 allant à Kédougou.

Voici la chronique d’une semaine type dans une structure médicale rurale, jour par jour….

Dimanche,

le jour du Seigneur, et de repos ou plutôt….

….des accouchements.

Il y en souvent les dimanches, très tôt.

En général donc les dimanches sont calmes (sauf pour la sage-femme).

La communauté chrétienne de l’hôpital va à la messe au village voisin, on s’adonne à la pétanque ou à la lecture, parfois au rugby pour se défouler un peu (encore !!), on en profite pour lire les mails, bricoler ou terminer des travaux ou des études. Il y aura toujours quelques urgences dont il faudra s’occuper.

Ainsi s’achève une semaine classique et il faudra essayer de ne pas aller au lit trop tard pour être frais et dispo le lendemain car, demain c’est….

Lundi….

🙂

Bon dimanche et joyeuse fête de Pâques à la communauté chrétienne !

Dr Abdoulaye Diop

Toubibadakar


Une semaine à Wassadou : samedi

Durant mes dernières années d’études de médecine, j’ai eu la chance de passer 8 mois à la Maison médicale Pierre Favre à Wassadou, un village situé à environ 65 km après Tambacounda, sur la route nationale 7 allant à Kédougou.

Voici la chronique d’une semaine type dans une structure médicale rurale, jour par jour….

Samedi

6h30 jour de sortie dans la brousse

C’est un plaisir ! On quitte à 7h pour revenir vers 20 ou 23h, fatigué, lessivé mais…. heureux !!

Nous allons dans les villages très difficile d’accès dans la zone Nord du Parc du Niokolo Koba (le record : Mayel Issa, 115 km, 5h de route, un marigot à traverser). Les souches, les ravins, les rivières et surtout, la boue sont garantis.

Une fois, nous étions allés au village de Binguel et juste au moment où nous avons atteint la rivière, il a commencé à pleuvoir!!
C’était une vraie patinoire !

Il a fallu 30 mn pour gagner l’autre rive, sous la pluie et dans la boue la plus épaisse et la plus indécrottable !

Heureusement, les conseils avisés du Père Xavier, le missionaire installé dans le village des Bediks, une ethnie du sud- Est du pays, nous ont sortis d’affaire. Et lors du retour….on a replongé dans la boue….avec joie !

D’ailleurs, depuis l’arrivés du tire-fort, des câbles, des impers, haches et de la pelle, la traversée des obstacles est plus aisée et nos limites sont repoussées.
On avait parfois l’impression de vivre une aventure genre Indiana Jones tellement c’était surréaliste!!

Plusieurs fois, les membres de l’équipe m’ont demandé si j’avais fait une formation militaire car ils ne pouvaient pas comprendre mon entêtement à passer de d’obstacles jugés infranchissables !

Il n’en était rien et quelques soient les difficultés rencontrées, un seul mot d’ordre : il faut y aller, on y va !

La satisfaction morale que l’on tire de ces sorties est la principale motivation du groupe.

Pas une fois nous ne sommes allés dans un village sans y trouver une situation sanitaire alarmante.

Ces villages sont parfois coupés du reste du pays pendant les mois de pluies ou simplement d’accès vraiment très difficile alors, les gastroentérites et le palu y font des ravages et notre arrivée y est toujours perçue comme providentielle.

Nous participons aussi au respect du PEV (Programme Elargi de vaccination) que nous assurons avec la collaboration d’infirmiers chef de poste de la zone.

De plus, sur la route, souvent on rencontre les femmes Peulh qui viennent de traire les vaches et du lait frais et du lait caillé nous sont toujours gracieusement offerts (on en raffole).

Une fois, un des chefs de village nous a offert un mouton au retour en l’attachant discrètement sur le pare-chocs du 4×4.

De retour à la Maison Médicale, Tata Cons la directrice a toujours la délicatesse de nous faire concocter un délicieux repas de fête. Eh oui, nous rentrons fatigués, fourbus, lessivés, sales mais on trouve toujours l’énergie de faire la bamboula (et de gérer 1 ou 2 urgences parfois, voire une évacuation).

Fous nous sommes ?

NON ! Heureux simplement ! D’autant plus que demain c’est…. Le jour du Seigneur….

A demain inchallah

Dr Abdoulaye Diop
Toubibadakar


Une semaine à Wassadou: vendredi

Une semaine à Wassadou: vendredi

Durant mes dernières années d’études de médecine, j’ai eu la chance de passer 8 mois à la Maison médicale Pierre Favre à Wassadou, un village situé à environ 65 km après Tambacounda, sur la route nationale 7 allant à Kédougou.

Voici la chronique d’une semaine type dans une structure médicale rurale, jour par jour….

Vendredi

C’est le jour des circoncisions… et celui de tous les dangers !

Les futurs circoncis arrivent à 7h, sont pris en charge à l’accueil, rassurés et emmenés dans la salle de soins où a lieu le rituel, sous anesthésie locale. Ils seront ensuite revus en consultation durant l’après-midi.

Les consultations suivent ensuite leur cours normal mais finissent relativement tôt à cause de la grande prière du vendredi de 14h.

Á 17h, c’est la réunion hebdomadaire regroupant le service de consultation générale, la maternité et l’accueil.

Cette réunion permet de faire le point sur l’activité de la semaine, la vie du service, de faire le bilan de la semaine écoulée et de définir les objectifs de la semaine à venir. Chacun donne son avis sur les différents points de l’ordre du jour et on en débat. En cas de divergences, un vote nous départage.

C’est aussi la réunion préparatoire de, à mon avis, l’activité la plus intéressante et la plus extraordinaire de la Maison Médicale : Les sorties de consultation dans les villages, NOS SORTIES !!!

Un procès verbal est établi durant la réunion et est lu et adopté avant la réunion suivante.

Jour de danger aussi car tous les accidents de la circulation qui ont eu lieu sur la nationale 7 et dont les victimes (une soixantaine) ont été prises en charge par la Maison Médicale ont eu lieu un vendredi (noir). Il ne se passe pas un vendredi sans qu’il n’y ait un grave accident ! Hallucinant !

Toutes les victimes ont été pris en charge dans les 10 mn qui ont suivi l’accident. La dernière fois, ils étaient tellement nombreux que même Simon (le gérant de la boutique) a fait des pansements.

La maison médicale étant située sur l’axe Tamba-Kedougou, elle est devenue un lieu privilégié de premiers secours et de prise en charge de blessé sur cet axe.

On connaît tous le manque cruel d’infrastructure médicales dans le monde rural. Les blessés graves sont obligés d’être évacués à Dakar, 500km, avec une route qui, a elle seule, peut achever les malades. C’est dans ces moments qu’on se rend compte que malheureusement, les autorisés du pays n’ont vraiment pas fait de la santé une priorité! (A débattre)

Quant à nous, à 19h, Rv à la pharmacie pour la vérification du matériel médical et des médicaments pendant que Frédéric charge le matériel dans le véhicule tout terrain, un dernier briefing avec l’équipe mobile avant l’extinction des feux et repos avant le jour J…

Demain samedi … inchallah

Dr Abdoulaye Diop
Toubibadakar


Une semaine à Wassadou: vendredi

Une semaine à Wassadou: vendredi

Durant mes dernières années d’études de médecine, j’ai eu la chance de passer 8 mois à la Maison médicale Pierre Favre à Wassadou, un village situé à environ 65 km après Tambacounda, sur la route nationale 7 allant à Kédougou.

Voici la chronique d’une semaine type dans une structure médicale rurale, jour par jour….

Vendredi

C’est le jour des circoncisions… et celui de tous les dangers !

Les futurs circoncis arrivent à 7h, sont pris en charge à l’accueil, rassurés et emmenés dans la salle de soins où a lieu le rituel, sous anesthésie locale. Ils seront ensuite revus en consultation durant l’après-midi.

Les consultations suivent ensuite leur cours normal mais finissent relativement tôt à cause de la grande prière du vendredi de 14h.

Á 17h, c’est la réunion hebdomadaire regroupant le service de consultation générale, la maternité et l’accueil.

Cette réunion permet de faire le point sur l’activité de la semaine, la vie du service, de faire le bilan de la semaine écoulée et de définir les objectifs de la semaine à venir. Chacun donne son avis sur les différents points de l’ordre du jour et on en débat. En cas de divergences, un vote nous départage.

C’est aussi la réunion préparatoire de, à mon avis, l’activité la plus intéressante et la plus extraordinaire de la Maison Médicale : Les sorties de consultation dans les villages, NOS SORTIES !!!

Un procès verbal est établi durant la réunion et est lu et adopté avant la réunion suivante.

Jour de danger aussi car tous les accidents de la circulation qui ont eu lieu sur la nationale 7 et dont les victimes (une soixantaine) ont été prises en charge par la Maison Médicale ont eu lieu un vendredi (noir). Il ne se passe pas un vendredi sans qu’il n’y ait un grave accident ! Hallucinant !

Toutes les victimes ont été pris en charge dans les 10 mn qui ont suivi l’accident. La dernière fois, ils étaient tellement nombreux que même Simon (le gérant de la boutique) a fait des pansements.

La maison médicale étant située sur l’axe Tamba-Kedougou, elle est devenue un lieu privilégié de premiers secours et de prise en charge de blessé sur cet axe.

On connaît tous le manque cruel d’infrastructure médicales dans le monde rural. Les blessés graves sont obligés d’être évacués à Dakar, 500km, avec une route qui, a elle seule, peut achever les malades. C’est dans ces moments qu’on se rend compte que malheureusement, les autorisés du pays n’ont vraiment pas fait de la santé une priorité! (A débattre)

Quant à nous, à 19h, Rv à la pharmacie pour la vérification du matériel médical et des médicaments pendant que Frédéric charge le matériel dans le véhicule tout terrain, un dernier briefing avec l’équipe mobile avant l’extinction des feux et repos avant le jour J…

Demain samedi … inchallah

Dr Abdoulaye Diop
Toubibadakar


Une semaine à Wassadou : jeudi

Durant mes dernières années d’études de médecine, j’ai eu la chance de passer 8 mois à la Maison médicale Pierre Favre à Wassadou, un village situé à environ 65 km après Tambacounda, sur la route nationale 7 allant à Kédougou.

Voici la chronique d’une semaine type dans une structure médicale rurale, jour par jour….

Jeudi

Jeudi

…Et des jours comme mercredi, on en a eu !!!

8h, La consult reprend, 35 patients en moyenne depuis quelques mois. Au début, c’était le jour le plus calme de la semaine mais maintenant, il rivalise avec le lundi.
Il est prévu,durant les jours où il n’y a pas beaucoup de patients, d’aller visiter certains villages, discuter avec les chefs, les femmes, les sensibiliser sur certains sujets tels que les dangers de l’accouchement à domicile ou la récupération nutritionnelle.

Cette sensibilisation est très importante et permet de mieux faire connaître la Maison Médicale dans les villages aux alentours.

La journée s’achève calmement et souvent il y a quelques urgences durant la nuit. Une autre particularité du travail ici c’est que les jours où il n’y a pas beaucoup de travail durant la journée, il y’en a toujours la nuit tombée ! Donc, en permanence, l’équipe veille.

On se coucher donc en pensant au vendredi car, c’est le jour de tous les dangers!!!!!

Rendez-vous demain vendredi inchallah ….

Dr Abdoulaye Diop
Toubibadakar


Une semaine à Wassadou : mardi

Durant mes dernières années d’études de médecine, j’ai eu la chance de passer 8 mois à la Maison médicale Pierre Favre à Wassadou, un village situé à environ 65 km après Tambacounda, sur la route nationale 7 allant à Kédougou.

Voici la chronique d’une semaine type dans une structure médicale rurale, jour par jour….

Mardi

matin, 7h30, rebelote

On commence par la visite au bloc hospitalisation : recueil des plaintes, prise des constantes (en général, les aides-infirmiers les ont déjà prises), C.A.T de la journée. 


A 8h, la consultation débute. Plutôt relax le mardi, après le rush de la veille, 20-25 malades, c’est un bon score.

Crédit photo Kîkeliba


C’est un jour ou l’on reçoit surtout les personnes du 3ème âge.

La consultation à la Maison Médicale est assez singulière sur un plan : on reçoit en général les patients par tranche d’âge ou par village car, il y a des jours ou l’on ne reçoit pratiquement que des personnes âgées (comme les mardis) ou que des enfants (comme les mercredis) ou que des gens du même village.

On ne comprend pas vraiment pourquoi. Qu’une bonne partie d’un même village se déplace ensemble, ça peut s’expliquer par les longues distances et la nécessité d’aller en groupe dans le même autocar, mais, que des personnes de la même tranche d’âge venant d’horizons divers se retrouve en même temps à la consultation ……!?!

Une enquête de comportement s’impose.

Nous, en attendant, nous avons nos jours Pédiatrie ou nos jours Gériatrie et même notre jour accouchement !! J’y reviendrai, patience.

Donc, vers 13h, la consult est achevée et, après un bon repas avec une ambiance à table toujours folle, une petite sieste est possible, parfois entrecoupées par 1 ou 2 patients retardataires (une luxation de la mandibule la dernière fois et une graine dans la narine d’un enfant).

A 17h, il y a un cours de remise à niveau pour le personnel paramédical: rappel des base de l’asepsie et de l’antisepsie, les voies d’injections (SC, IM, IV, IDR), comment bien remplir la pancarte etc.

Ces cours se déroulent dans la bonne humeur avec des schémas, des séquences vidéo et même… des cobayes pour la pratique : 0,1 ml d’EPI (eau pour préparation injectable) dans l’avant bras de Frédéric le chauffeur pour le cours sur l’injection intradermique (mieux vaut voir une fois que…….).

Ensuite on dîne, un autre séance de ciné entrecoupée d’une ou deux consultations puis, extinction des feux à minuit!

Rendez-vous demain inchallah, mercredi

Dr Abdoulaye Diop

Toubibadakar


Une semaine à Wassadou: lundi

Durant mes dernières années d’études de médecine, j’ai eu la chance de passer 8 mois à la Maison médicale Pierre Favre à Wassadou, un village situé à environ 65 km après Tambacounda, sur la route nationale 7 allant à Kédougou.

Voici la chronique d’une semaine type dans une structure médicale rurale, jour par jour….

Lundi

7h, il faut se lever, le travail commence à 8h. Le temps de prendre un bain et d’avaler un ptit déj et hop, au bureau!!!

C’est un jour assez particulier ici, (et partout dans le monde je suppose), on a toujours beaucoup de patients, 40 à 65 en moyenne.
Il s’agit en général de malades qui ont traîné leur mal durant le week-end et qui nous arrivent à bout de force, parfois avec l’ultime espoir d’être enfin soulagé.
On a surtout des cas de palu, de gastro-entérite, beaucoup de rendez vous de contrôle (ils préfèrent venir le lundi).

Salle de consultation : crédits Kinkeliba

Les hospitalisations du jour sont assez nombreuses, qui pour recevoir un traitement antipalustre par voie intraveineuse, qui pour surveiller une tension artérielle plutôt inquiétante ou une diarrhée rebelle.

En général, les patients sont libérés vers 17h, 2 ou 3 sont souvent retenus quelques jours.

A la maternité, Anne Marie la sage-femme assure ses consultations prénatales qu’elle envoie après examen au Dr Zida le médecin-chef pour une échographie en attendant qu’elle soit initiée à cet exercice.

Les femmes (consciencieuses) qui ont accouché à domicile durant le week-end à cause du manque criard de moyens de déplacement viennent donc se faire examiner avec leur bébé et en profiter pour se faire délivrer un certificat d’accouchement pour pouvoir déclarer leur enfant à l’état civil.

Vers 13h arrivent les premiers bobos : un coup de hache involontaire sur le pied lors des travaux champêtres ou un morceau de bois déchirant une cuisse en rasant d’un peu trop près une palissade. Leur prise en charge dans la salle de soins est immédiate: désinfection, sutures, pansement. M

Quand le cas est assez sérieux, les premiers soins sont assurés et le patient est évacué à l’Hôpital Régional de Tamba où le Dr Millogo est d’abord prévenu.

Le boulot fini en général vers 16-17h et impossible d’aller manger avant (vous voyez l’importance du ptit dej du lundi☺).

Les soirées sont relativement calmes, 2 ou 3 urgences maximum vers 18h ou 21h. On a alors le temps de se faire une petite séance cinéma en plein air avant l’extinction des feux à minuit.

Rendez-vous demain mardi inchallah pour la suite

Dr Abdoulaye Diop
Toubibadakar