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5 octobre: Journée mondiale des enseignants

En cette journée mondiale qui leur est consacrée, je rend hommage à tous les enseignants, particulièrement ceux qui ont participé à la formation!

Je commencerai par mes parents, qui sont des enseignants exemplaires et qui m’ont forgé dans le creuset de l’amour du travail et de la rigueur:

– à ma mère: institutrice de classe exceptionnelle qui a été ma maîtresse à l’école primaire et qui m’a donné les rudiments de la grammaire, de l’orthographe, l’arithmétique, du calcul mental, de l’histo-géo, des sciences naturelles, de l’éducation civique etc

– à mon père, inspecteur de l’enseignement, écrivain, qui m’a transmis l’amour du livre et de la lecture, de l’écriture, de la culture générale, des mots croisés et autres jeux cruciverbistes ainsi que du travail bien fait!

Je rend hommage aussi à:

– mes oustaz et différents maîtres coraniques qui, dans l’ombre, nous ont donné les bases de l’éducation religieuse et qui font partie du système d’enseignement, ne l’oublions pas!

– mes maîtres, maîtresses, professeurs et l’ensemble du corps enseignant et administratif de l’école Joseph Gomis et du lycée Seydou Nourou Tall pour tous les enseignements reçus,

– nos maîtres de la faculté de médecine puis de la chaire de Gynécologie Obstétricale de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar qui nous ont guidé dans les sentiers du savoir, de la connaissance et de la pratique de la médecine,

– plus récemment nos professeurs de l’université Paris-Descartes pour le perfectionnement reçu.

Il est malheureux d’entendre décrier le système éducatif national en ces temps de déliquescence des valeurs et d’absence de repère dans l’enseignement public.

Il faut savoir que le système éducatif national est, (ou a été) performant et je suis fier d’être un pur produit de ce système public, du CI à la spécialisation, 12 ans après le bac!

Proud of u

Dr Abdoulaye Diop

Toubibadakar


Notre Moyen Âge au 21ème siècle

Des premières écritures cunéiformes* gravées sur les tablettes mésopotamiennes au traitement de texte à commande vocale, des premiers couteaux en silex de l’âge de la pierre taillée à la chirurgie robotique assistée par ordinateur et réalisable à distance par un chirurgien situé à Paris sur un patient dans un lit d’hôpital à New York, on peut mesurer les progrès de l’homme en matière de technologie, y compris dans le domaine médical.

La médecine a évolué, beaucoup évolué ces deux derniers siècles, plus qu’elle ne l’a fait durant le millénaire précédent ! Pour autant, nous assistons encore à des pratiques que, comme le disait Hamadou Hampaté Ba, « nos ancêtres eux-mêmes s’ils revenaient à la vie, trouveraient caduques et dépassées ». Particulièrement dans notre continent et nos contrées, les progrès de la médecine moderne semblent parfois lointains voire anecdotiques. Nos moyens technologiques et surtout financiers ne nous permettent souvent pas d’avoir accès, à grande échelle, à ces technologies médicales de pointe.

Cependant, et surtout, le principal obstacle à noter pour l’accès au progrès scientifique en général, et médical en particulier, semble être une mentalité et des croyances qui, certes font partie de notre identité culturelle, mais aussi constituent un handicap et des œillères qui nous empêchent de lutter contre une mortalité et une morbidité qui touchent toutes les catégories d’âge et de sexe de notre population.

Faisons un petit voyage dans le passé, du côté du Moyen Âge et nous verrons qu’en ces temps, du Vème au XVème siècle, dans le monde, c’était le temps :

– des puissants seigneurs régnant sans partage sur des royaumes et guerroyant les uns contre les autres,

– des chasses aux sorcières et autres faiseurs de magie, noire comme blanche, qui étaient livrés à la vindicte populaire et brûlés sur les bûchers,

– des troubadours chantant les louanges des puissants seigneurs lors de fastueux banquets alors que le peuple réclamait du pain!

– des chevaliers preux qui, au nom de la religion menaient des croisades jusqu’en terre sainte,

– des vaisseaux rudimentaires qui allaient à la découverte du Nouveau Monde dans des voyages périlleux et parfois sans retour car le vieux continent n’offrait pas d’El Dorado,

– des maladies telles que la peste, qui décimaient des villages entiers, malgré les potions sagement préparées par de respectueux druides, alchimistes et autres hommes de science de l’époque,

– du taux de mortalité infantile qui était si élevé que les femmes essayaient d’avoir le plus d’enfants possibles pour que certains puisse survivre pour aider à cultiver la terre,

– de l’espérance de vie moyenne qui était si basse, en plus des ravages de la guerre, la famine, la sécheresse, etc.

Une foire au Moyen-Age – Huile sur toile : Félix de Vigne

Puis est venu le siècle des Lumières, et… la lumière fût !

Ensuite plus récemment, il y a eu :

Pasteur avec son microscope, qui à mis un terme à la théorie de la génération spontanée en nous démontrant l’existence de ces êtes invisibles à l’œil nu que sont les microbes et qui aujourd’hui encore font des ravages,

– Puis Jenner est venu nous donner l’astuce de la vaccination et de la protection qu’elle confère et pour autant, la tuberculose, la poliomyélite, le tétanos continue encore à nous arracher des êtres chers,

– Puis Sir Flemming, avec sa fortuite découverte des antibiotiques, a ouvert une nouvelle ère de la guerre contre l’infection, faisant passer la mortalité maternelle de 90 à 1% dans certains pays,

– Ensuite Pierre et Marie Curie nous ont révélés la magie de voir l’intérieur du corps par la manipulation d’atome,

– Enfin d’autres sont venus avec l’anesthésie, la cœlioscopie, l’échographie, la radiothérapie, la FIV et ce n’est pas fini….

Marie et Pierre Curie – Creative Commons

Pour revenir plus haut, cette description du Moyen Âge ne vous semble-t-elle pas familière ? N’avons nous pas, en Afrique, en ce XXIème siècle :

– de puissants chefs d’États et de gouvernement (seigneurs), régnant sans partage sur des pays (royaumes) guerroyant les uns contre les autres,

– nos chasses aux mangeurs d’âmes, voleurs de sexe (sorcières et autres faiseurs de magie, noire comme blanche), qui sont livrés à la vindicte populaire et lapidés par des foules convaincues de leur culpabilité sans aucune autre forme de procès (brûlés sur les bûchers),

– nos chanteurs (troubadours) vantant les louanges des puissants dirigeants (seigneurs) lors de fastueux dîners de gala (banquets) alors que le peuple réclame de l’eau courante et à manger (du pain, du pain),

– nos fanatiques (chevaliers preux) qui, au nom de la religion de paix et de miséricorde mènent la guerre (des croisades jusqu’en terre sainte),

– nos pirogues (vaisseaux rudimentaires) qui tentent d’aller à la conquête de l’Europe (découverte du nouveau monde) dans des voyages périlleux et souvent sans retour car pour ces milliers de jeunes, seul compte la devise de leur rappeur préféré: « get rich or die tryin »* (le vieux continent n’offrait plus l’El dorado que représentait le nouveau monde),

– nos maladies telles que la le choléra, la fièvre Ébola, le paludisme (peste) qui déciment des villages entiers malgré les potions sagement préparées par de respectueux marabouts-guérisseurs (druides, alchimistes) et autres hommes de science de notre époque,

– Notre taux de mortalité infantile parfois si élevé que les femmes essayaient d’avoir le plus d’enfants possibles pour que certains puisse survivre pour aider à cultiver la terre,

Oui, nous vivons notre Moyen Âge!

Nous vivons notre Moyen Âge malgré notre connexion 4G sur nos smartphones et nos tablettes.

Nous vivons notre Moyen Âge malgré nos cartes bancaires, nos 4×4 et autres SUV.

Nous vivons notre Moyen Âge malgré nos voyages en Boeing ou Airbus pour aller à Paris, à Montréal ou à la Mecque.

Nous vivons notre Moyen Âge malgré nos appareils d’échographie 3D , que dis-je: 4D!

Nous vivons notre Moyen Âge avec la péridurale que nos mamans refusent à nos sœurs, avec la césarienne qui sauve des vies bien qu’elle ait mauvaise presse, avec la chirurgie plastique qui répare nos filles victimes de mutilations génitales barbares, avec nos vaccins contre l’hépatite B ou le cancer du col de l’utérus, avec notre streptokinase* qui sauve d’un infarctus…

Nous avons plus récemment eu notre :

Cheikh Anta Diop qui nous a rétabli dans l’échelle de la civilisation mais qui nous en voudrait beaucoup s’il revenait à la vie!

– Notre Mandela inégalable, incommensurable!

– Notre Modibo Diarra infiniment brillant !

– Et j’en passe…

Mais, hélas, nous sommes tout de même à notre Moyen Âge, dans la pensée comme dans le comportement!

Notre réalité ne peut pas être différente de la réalité d’autres peuples, le corps est le même partout, que l’on soit africain ou d’un autre continent.

D’autres civilisations plus avancées que les nôtres ont arrêtées certaines pratiques, nous devons arrêter aussi!

Le pouvoir de la prière reste indéniable cependant! On peut donc toujours prier selon nos croyances et notre religion ou notre conviction intime.

Mais, acceptons le progrès aussi, car nous sommes au 21eme siècle… et au Moyen Âge aussi!

Rendez-vous donc dans quelques siècles, là nous serons, enfin, trop tard, au 21eme siècle de la modernité, si, entre temps, notre comportement n’a pas entraîné l’auto-extinction de notre propre espèce.

Dr Abdoulaye Diop, Toubibadakar

 

L’écriture cunéiforme est un système d’écriture complet mis au point en Basse Mésopotamie entre 3400 et 3200 av. J.-C., qui s’est par la suite répandu dans tout le Proche-Orient ancien, avant de disparaître dans les premiers siècles de l’ère chrétienne.

* devient riche ou meurt en essayant

La streptokinase est une protéine de 414 résidus d’acides aminés synthétisée par plusieurs espèces de streptocoques qui a la propriété de se lier au plasminogène humain. On l’utilise comme médicament thrombolytique efficace et bon marché dans certains cas d’infarctus du myocarde et d’embolie pulmonaire.


La présentation du siège: pourquoi, comment, quand?

Régulièrement, on voit de futures mamans dont les bébés sont en présentation du siège, à qui l’on recommande d’aller chez des tradipraticiennes pour des « massages » destinés à faire tourner le bébé.

Qu’en est-il vraiment ? Est- il possible de faire tourner un siège? Est-il prudent de le faire?

Essayons de comprendre d’abord ce qu’est une présentation du siège.

Habituellement, pour que l’accouchement puisse se faire normalement, le bébé tourne en fin de grossesse pour mettre sa tête en bas: c’est la présentation céphalique (la tête).

La présentation du siège, c’est lorsque, en fin de grossesse, votre bébé a les fesses ou les pieds en bas, dans votre bassin.

Il en existe deux variétés: siège complet avec un fœtus assis en tailleur et le siège décompleté où le fœtus relève les jambes; entre ces deux formes il y’a des variantes.

C’est une présentation « normale », compatible avec un accouchement par voie basse mais, sous certaines conditions et avec un haut risque de complications.

Il faudrait savoir d’abord que jusqu’à 34 semaines d’aménorrhée (SA) la présentation du fœtus peut changer à tout moment. A partir de cette date, en général, sa position ne change plus même si on vu des bébés se retourner finalement vers 38 /39 SA.

La rotation du bébé est un phénomène physiologique qui s’effectue spontanément en fin de grossesse.

Si le bébé ne tourne pas, cela signifie dans la quasi totalité des cas, qu’il y’a une cause à sa non-rotation.

Il est aussi faux de penser que le siège est dû à une certaine position de la mère pendant la grossesse: il est donc inutile de faire culpabiliser la future maman car, se courber ou faire des tâches ménagères (ou ne pas en faire) ne provoque pas de présentation du siège!

Les causes du siège peuvent être retrouvées soit du côté de la mère:

⁃ un bassin rétréci,

⁃ un utérus trop rigide surtout chez les primipares (1ère grossesse),

⁃ un utérus cicatriciel,

⁃ des fibromes

⁃ un gros kyste de l’ovaire

⁃ une malformation utérine

⁃ Etc

Les causes peuvent aussi être cherchées du côté du bébé:

⁃ un gros bébé,

⁃ une grossesse multiple: des jumeaux,

⁃ un accouchement prématuré, le bébé n’ayant eu le temps de se retourner,

⁃ une insuffisance ou un excès de liquide amniotique,

⁃ une malformation du bébé surtout les hydrocéphalie (excès de liquide dans la tête du bébé),

⁃ un circulaire du cordon

⁃ un cordon ombilical trop court,

⁃ un placenta bas inséré,

⁃ Etc

C’est dire qu’en cas de présentation du siège il faut d’abord essayer de savoir pourquoi le bébé n’a pas tourné avant de prendre une décision d’accouchement.

Lors d’un accouchement par voie basse, la difficulté de la mécanique obstétricale (c’est-à-dire les différents passages du fœtus à travers le bassin de la mère) se fait avec des difficultés décroissantes: la tête du bébé étant la plus grosse partie de son corps, si elle passe, le reste du corps (les épaules et les hanches) passe aussi sans problème en général, sauf si le bébé pèse plus de 4 kg.

Par contre, en cas d’accouchement du siège, la tête doit sortir en dernier et donc la difficulté de l’accouchement est croissante: on dit que l’accouchement se fait à rebrousse-poil. Si la tête se coince, alors que le reste est déjà sorti, cela peut être catastrophique si l’obstétricien n’arrive pas à la dégager à temps.

De plus, l’accouchement du siège est plus long, plus douloureux et cause beaucoup plus de déchirures q’un accouchement en position céphalique (si le bébé vient par la tête).

Aller chez une tradipraticienne pour faire tourner le bébé est donc une pratique non seulement inutile mais surtout, potentiellement dangereuse!

Nous autres, obstétricien, savons comment faire pour tourner un bébé en positon du siège grâce à une manœuvre appelée version par manœuvre externe.

Nous évitons cependant de le faire car elle peut être très dangereuse si le siège est dû par exemple à une brièveté du cordon ombilical ou un circulaire du cordon!

Forcer le bébé à tourner alors qu’un obstacle l’en empêche peut entraîner un décollement du placenta ou une déchirure de l’utérus ou un déclenchement prématuré du travail!

Nous évitons et nous recommandons vivement d’éviter ces manœuvres surtout si elle sont faites par des personnes ayant des notions limitées en anatomie et en physiologie obstétricale.

En cas de présentation du siège, un accouchement par voie basse est possible mais, il y’ a des conditions:

⁃ le bassin de la mère doit être assez large, au mieux, il doit avoir déjà fait ses preuves et donc la femme doit avoir accouché antérieurement,

⁃ Le bébé doit avoir des dimensions normales sans excès de poids ni malformations décelées, ni retard de croissance dû à une pathologie connue, le placenta bien placé et le cordon repéré,

⁃ l’utérus doit être de bonne qualité, sans cicatrices de césariennes antérieures ou de myomectomies,

⁃ Le travail doit se déclencher spontanément, il est pas recommandé de déclencher un siège même si certains le font.

⁃ on ne doit pas utiliser de produits pour accélérer le travail comme dès perfusion ou des décoctions,

⁃ l’accoucheur doit être capable de dégager le bébé s’il se coince les bras ou la tête lors de l’accouchement,

⁃ On ne peut pas utiliser l’instrument comme une ventouse ou un forceps pour aider a sortir le siège si la mère est fatiguée de pousser,

⁃ On doit avoir le consentement de la femme qui doit être informé des risques de l’accouchement,

⁃ un bloc opératoire, avec son équipe médicale, doit être disponible au cas où il faudrait opérer en urgence.

⁃ et enfin si on a un doute sur la faisabilité de l’accouchement, autant passer par voie haute.

La présentation du siège est donc une situation stressante pour la future maman!

Discuter avec son gynécologue ou sa sage-femme des modalités d’un accouchement sécurisé est la meilleure des choses à faire.

Les soit-disants massage des « retourneuses » de bébés sont des pratiques inutiles voire dangereuses pour le bébé et/ou la maman.

Une césarienne de prudence vaut parfois mieux qu’un accouchement difficile, aléatoire et dévastateur pour le bébé.

Crédit image: Lansac: pratique de l’accouchement

Dr Abdoulaye Diop

Gynécologue-Obstetricien

Toubibadakar


Physiologie du suicide

10 septembre: journée de prévention du suicide

Notre société, nos religions n’acceptent pas, ne conçoivent pas le suicide.

Il est promis au suicidé les affres de l’enfer ainsi que la promesse d’errer entre 2 mondes, tourmenté, en attendant l’heure prévue de sa mort qu’il a volontairement anticipé.

Mais le futur suicidé ne vit-il pas déjà un enfer? N’a t-il déjà pas trouvé son existence si apocalyptique, si insupportable, si douloureuse, si désespérée, si compliquée, si insignifiante qu’il a préféré y mettre un terme plutôt que de prolonger cet enfer sur terre?

Le suicide n’est-il pas l’euthanasie préférable face à une cancer social métastasé incurable, atroce, incompris, sous-estimé?

Non dit la société! Non disent les religions!

Tant qu’il y’a de la vie, il y’a de l’espoir! Et l’espoir ne fait-il pas vivre dit-on?

Mais quelle vie?!?

La menace et la promesse d’un châtiment pire que la mort, pire que l’enfer sur terre que vit le prochain suicidé sont elles des moyens dissuasifs pour ne pas passer volontairement de vie à trépas ?

Derrière tout suicide ou toute tentative de suicide se trouve un désespoir, un cri silencieux au milieu d’une foule, d’un monde, d’un entourage sourd et aveugle.

Le suicide n’est pas un accident, c’est un processus, un chemin, un parcours.

Le suicide n’est pas LA solution, c’est juste une hypothèse, une théorie, une expérience, un traitement expérimental, une avant dernière solution…

Il n’est qu’une violente claque pour l’entourage sourd et aveugle qui n’a pas su voir, lire, écouter les imperceptibles indices, mais oh combien évidents! étalés ça et là, par le futur volontaire défunt, à titre posthume certes.

Tout suicidé aurait aimé être sauvé, de justesse, au dernier moment, au moment où le coup allait partir, où le cœur allait s’arrêter, où le souffle allait se perdre, où l’âme allait quitter.

Les indices laissés pendant les jours, les semaines, les mois précédant l’acte sont plus parlants, pour qui sait écouter, que la plus détaillée des lettres d’adieu.

Mais qui sait écouter? Qui peut voir? Qui peut comprendre?

Est-ce l’époux ou l’épouse fatigué(e) de la mauvaise humeur conjugale chronique?

Est-ce les enfants insouciants de la fatigue paternelle chronique?

Est-ce les amis inconscients du manque d’initiative inhabituel?

Est-ce les collègues contents de la tolérance patronale providentielle?

Seule la foi retient!

Seule la prière maintient!

Seul Dieu comprend!

Toubibadakar


Décoction pour femme en travail : non à la rose de Jéricho !

Je le répète, je le re-répète, je le re-re-répète: cette fleur de la Mecque est dangereuse pour les femmes en travail! 😡😡😡

Lisez cet article !!

– Dr, la patiente a 6 contractions par 10 mn et elle n’est qu’à 6 cm de dilatation, le monitoring ne cesse de sonner,

– Que se passe t-il, on a mis en place une perf de synto ?

– Non Dr, pas du tout, elle est venue dans cet état. Elle a juste pris une décoction que sa mère lui a donnée…

– Ah non, c’est surement cette fameuse fleur… mettez en place une perf contenant 4 ampoules d’antispasmodiques à flot, il faut absolument réduire la fréquence et la puissance des contractions.

10mn après…

– Dr, la patiente est à dilatation complète mais les bruits du cœur du fœtus commencent à devenir irréguliers oscillant entre 120 et 90 battements par minute et le liquide amniotique est teinté : purée de pois.

– Ok, apportez moi la ventouse et prévenez le pédiatre….

Le bébé a été sorti par ventouse, il a fallut le réanimer énergiquement mais, Dieu merci, il tiré d’affaire. L’examen du placenta a montré un hématome rétroplacentaire minime.

– Mettez en place les mesures préventives de l’hémorragie du post-partum.

Effectivement, il ya eu une hémorragie vite maîtrisée…..

Ce scénario n’est pas totalement fictif mais correspond à une réalité que nous vivons au quotidien en salle de naissance.

Souvent, trop souvent, l’entourage de la femme en travail veut aider en donnant diverses décoctions à cette dernière dans le but d’accélérer le travail.

Il en résulte régulièrement ce genre de scénario, parfois plus dramatique, avec, à la clé, une rupture utérine avec le décès de la mère et ou de l’enfant.

Il faut tirer la sonnette d’alarme sur ces fameuses décoctions qui, certes sont données dans le but innocent d’aider la patiente mais qui, au final, créent beaucoup de complications.

EXPLICATIONS

La physiologie de la contraction utérine répond à des critères bien spécifiques dont une certaine intensité et surtout une fréquence qui, à l’acmé de la douleur, ne doit pas dépasser 3 à 4 contractions par 10 minutes.

En fait, comme le cœur, l’utérus est un muscle, il se contracte à des intervalles réguliers mais, il doit aussi se relâcher pour se reposer, « pour récupérer ». De ce fait, il se repose même plus qu’il ne travaille en réalité puisque la contraction dure 30 à 50 secondes et le relâchement 2 à 3 minutes.

Si l’utérus se contracte trop fort ou s’il ne se relâche pas suffisamment, à la longue, soit il se rompt comme un claquage chez un sportif faisant un effort trop intense sans avoir pris le soin de s’échauffer, soit il est contracturé comme lors d’une crampe musculaire.

Pour le fœtus, le travail est tout aussi éprouvant que la mère car, pendant la contraction, son approvisionnement en sang est interrompu et celui-ci ne reprend qu’à la fin de la contraction.

De manière imagée, c’est comme si on le torturait en lui enfonçant la tête sous l’eau, le privant ainsi de sa respiration pendant quelques secondes puis le laissait respirer avant de recommencer à la prochaine contraction.

Si les contractions sont donc trop rapprochées, le bébé n’a plus son temps de récupération indispensable.

N’ayant plus suffisamment d’oxygène, il relâche tous ses muscles, dont celui de l’anus et libère donc ses selles dans la cavité amniotique. Cette libération de selles colore en vert le liquide amniotique: on dit qu’il y a souffrance fœtale aigue.

Cette souffrance s’accompagne d’une perturbation du rythme cardiaque du fœtus, rythme qui s’accélère d’abord, au-delà de 160 battements par minute, puis, si l’on n’intervient pas, puis diminue en dessous de 120 battements par minute, puis devient irrégulier avant de ….. s’arrêter !

Or, de manière empirique, tous les gynécologues et sages-femmes s’accordent à dire que la quasi-totalité des potions données aux femmes pendant le travail ont pour but et souvent pour effet d’ailleurs (c’est l’effet recherché) une augmentation de l’intensité et la fréquence des contractions utérines.

Il est aisé de constater alors toutes les souffrances fœtales voire les pertes de bébé induites par ces potions.

Les mères aussi paient un lourd tribut à cette pratique traditionnelle car cette accélération des contractions entraîne des ruptures du muscle utérin et des hémorragies après l’accouchement.

La complication est encore plus inéluctable lorsque la patiente a un bassin rétréci ou un utérus cicatriciel ou que le fœtus est dans une position anormale (siège, transversale).

Pourquoi ces potions créent-elles cet effet ? On ne le sait pas très exactement !

Mais, il ya début d’explication.

La potion la plus couramment utilisée dans notre pays est faite à partir d’une plante appelée à tort « la fleur de la Mecque » et donc le nom véritable est « la rose de Jéricho » ou « fleur de Jéricho » ou encore Anastatica hierochuntica.

Il existe une autre variété appelée « plante de la résurrection » ou « fleur de rocher » et dont le nom scientifique est Selaginella lepidophylla originaire du désert à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

La rose de Jéricho fait allusion à la ville biblique de Jéricho, ville qui renaissait sans cesse de ses cendres tout comme cette plante. Malgré son aspect asséché et rabougri, lorsqu’on la plonge dans de l’eau, la rose de Jéricho s’ouvre et revit de manière spectaculaire.

Jéricho actuellement est une ville de Cisjordanie dans les territoires autonomes Palestiniens.

Dans les pays où cette plante est utilisée, les femmes boivent l’eau dans laquelle est trempée la rose de Jéricho pour faciliter l’accouchement.

A noter qu’elle est aussi utilisée dans les rites du vaudou et de la santeria en Amérique Latine pour invoquer l’amour et la fortune.

Il n’y a pas eu suffisamment d’études pour comprendre l’action de cette plante mais on pense qu’elle contiendrait une substance identique ou proche du syntocinon.

Ce syntocinon est une hormone secrétée par le corps de la femme. Elle est synthétisée et utilisée en médecine pour augmenter des contractions utérines trop faibles.

Le problème est que nous l’utilisons à raison d’une ou de 2 ampoules maximum pendant le travail or, si c’est une décoction, il est évident que dosage n’est pas du tout maîtrise d’où cette accélération excessive des contractions et son cortège de complications.

Toutes les potions traditionnelles ne sont pas issues de la rose de Jéricho certes mais, si elles ont pour effet d’accélérer le travail, leurs conséquences sont tout aussi désastreuses.

Qu’en est-il des eaux bénites faites à base d’extraits de versets du Coran, ou d’un autre livre saint, puis délavés dans de l’eau ? Elles ne sont pas censées contenir de substances pharmaco-actives comme pour les plantes ?

Eh bien je répondrai ceci : le pouvoir de la prière est indéniable, pour les croyants en tout cas !

Donc, toutes les prières sont les bienvenues pour traverser l’épreuve de l’accouchement. Je suis donc d’accord pour toute eau bénite à enduire sur le corps, à prendre en bain rituel et même à porter comme gris-gris si le cœur, ou la foi, vous en dit.

Cependant, je déconseille fortement de boire toute potion, ne pouvant faire la différence entre une eau bénite ou une décoction de rose de Jéricho ou de je-ne-sais quelle plante qui pourrait compliquer l’accouchement.

Ce que vous ignorez peut-être mesdames, c’est que nous-autres personnel de santé, aussi, avant de rentrer en salle d’accouchement ou au bloc opératoire, nous prions pour vous, votre salut et pour le salut de votre bébé car, de votre salut, dépend le notre !

Alors, comme j’ai l’habitude de le conseiller à mes patientes à la dernière consultation prénatale : « Madame, takal, saangoul, diwoul loula nekh ! wayé, boul naaan dara !!! Traduction:  » Madame, prenez autant de bain rituel que vous voudrez , mettez autant de gris-gris que vous voudrez, enduisez-vous d’autant de potion magique que vous voudrez, mais, ne buvez absolument RIEN !!!!! »

A bon entendeur ….

Dr Abdoulaye Diop

😡😡😡😡😡

Toubibadakar

Crédit photo pixabay.com





Les pertes blanches chez la femme enceinte

Les pertes blanches sont des sécrétions physiologiques ou sortent du vagin.

Elles peuvent parfois être aussi un signe de déséquilibre ou d’infection vaginale.

Chez la femme enceinte, il faut être particulièrement attentif à ces pertes car elles peuvent compliquer la grossesse.

Une vidéo explicative de ces pertes chez la femme enceinte.

Crédit image: pxhere.com

Toubibadakar


Pénurie du vaccin antitétanique à Dakar??? Inadmissible !!!!!

Depuis quelques semaines, il est quasiment impossible de trouver une dose du vaccin antitétanique communément abrégé VAT a Dakar.

Cette VAT fait partie des vaccins recommandés par l’OMS chez la femme enceinte pour protéger le futur bébé contre le tétanos.

Pour rappel, le tétanos est une maladie infectieuse grave, mortelle à 100% lorsqu’elle est déclarée et due à un microbe particulier appelé Clostridium tetani.

La femme enceinte doit recevoir deux doses de cette vaccination à un mois d’intervalle pour développer suffisamment d’anticorps pour protéger son bébé. Pour être protégée à vie, elle doit recevoir une 3ème dose, 6 mois après la 2eme dose et une 4eme dose sera administrée 1 an après la 3ème dose.

Le tétanos se contracte par une blessure accidentelle par un objet souillé, le plus souvent rouillée ou par l’utilisation d’instruments comme des ciseaux insuffisamment stérilisés.

Dans les pays développés, la généralisation de la VAT a permis d’éradiquer quasi totalement le tétanos.

Il est aisé de comprendre alors que cette pénurie de VAT pourrait être potentiellement très dangereuse pour notre population et surtout pour les enfants.

Cette pénurie serait-elle due à un arrêt de la production du vaccin ou à un retrait de l’AMM (autorisation de mise sur le marché), ou à de nouvelles recommandations interdisant le VAT ou juste à un défaut d’approvisionnement des pharmacies?

Quoiqu’il en soit, la sonnette d’alarme doit être tirée et les autorités en charge de la santé publique et de l’approvisionnement en médicaments devraient s’occuper sérieusement de cette question avant que des cas de tétanos de soient constatés surtout dans le monde rural si on connaît les conditions de vie parfois difficile de nos braves femmes dans les champs.

5 mois après une 1ere alerte sur la situation n’est non seulement pas réglée, mais elle a empiré car, certains centres de santé n’en n’ont plus et d’autres refusent de faire le vaccin aux patientes n’ayant pas été suivies chez eux. !!!

Il est bon de rappeler que même si une patiente est suivie en privée, elle a le droit de faire ses vaccins dans une structure publique sans stigmatisation.

Les autorités devraient aussi se pencher sérieusement sur le problème et le résoudre avant que des cas de tétanos, qui est, rappelons-le, une maladie mortelle à 100%, ne soient enregistrés.

A bon entendeur…..

Toubibadakar